Avaries du matériel, demandes de secours...
Dans toutes les techniques, il se produit des pannes. Sur les trains, certaines avaries engendrent des retards très importants, et les voyageurs se plaignent souvent d'un manque d'information. Il est en effet souvent difficile d'expliquer une situation en quelques mots à des personnes qui ignorent l'organisation des chemins de fer. Si chaque voyageur désire que l'on s'occupe de lui d'abord, c'est parce qu'il a l'impression que son cas est unique. Sur une voie ferrée, le train semble isolé, et on ne pense pas à ce qui se trouve derrière ou devant.
Pour les cheminots, la situation est sensiblement différente. Un train qui s'arrête en pleine ligne suite à une avarie, engendre une cascade de problèmes à cadence rapide. Les décisions doivent venir très vite pour éviter l'entassement irrémédiable d'autres trains derrière lui. Dans le cas des trains de voyageurs, la sécurité des personnes doit être assurée en priorité.
C'est seulement après que l'on peut étudier la situation du train en détresse, et chercher les solutions.
Pour ce qui concerne le conducteur, il ne dispose que de quelques minutes pour déterminer l'origine et la gravité de la panne. Il devra aviser ensuite le plus vite possible le régulateur, ou une gare, de la situation, sans s'entêter dans un premier temps à résoudre le problème. Pour éviter les conséquences en cascade dont je parlais plus haut, les agents de circulation doivent en effet être avisés le plus tôt possible. C'est primordial !
Une fois les mesures de protection prises, s'il y a lieu, le conducteur peut donc s'engager dans l'application de son guide de dépannage, s'il s'agit d'une avarie à la machine. Pour ceci, il a besoin de calme et de concentration, car les erreurs d'interprétation ou de lecture sont vite commises. Or, ce conducteur sera souvent sollicité à la radio et à l'interphonie par des gens impatients, qui attendent les résultats.
Si le problème provient des véhicules remorqués, il faudra y aller. A pied, bien entendu. Compte tenu de la grande longueur possible des trains, le conducteur peut avoir à faire 1500 mètres aller-retour. Cela ne se fait pas en cinq minutes !
Une fois que cette avarie est bien répertoriée, il peut se produire plusieurs cas. Si le conducteur peut repartir, il le fera en application de ses réglements techniques, à vitesse normale ou réduite, selon le cas. Les voyageurs seront avisés du retard possible, car la situation est sous son contrôle.
Mais si repartir est impossible, le conducteur va devoir effectuer une demande de secours.
Ici, tout devient plus compliqué. Le régulateur qui reçoit une demande de secours doit trouver une machine de remorque adéquate, et un conducteur pour l'emmener. Cela ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, et les régulateurs déploient des trésors d'ingéniosité pour trouver une machine et un agent disponibles dans un endroit le plus proche possible, sans avoir à pénaliser un autre train.
Dans le cas des TGV, il faut trouver une rame complète, lorsque ce n'est pas deux !
Et c'est çà que les voyageurs ne comprennent pas ! Au chemin de fer, et quoique vous en pensiez, il n'y a pas de machines ou d'agents qui traînent en attendant l'arrivée d'une demande quelconque. Tout le matériel et tout le personnel de conduite est engagé dans des opérations précises, que l'on peut difficilement modifier sans reporter le problème sur un autre train, ailleurs. Les agents du train ne peuvent plus donner de renseignements car ils n'en possèdent pas, le problème étant traité beaucoup plus loin.
C'est dans cette optique que les dépôts maintiennent un ou des agents de réserve, pour répondre à ces demandes de secours. Idem pour les machines. Mais il faudra du temps pour que cet équipage arrive sur le train en détresse.
Pour les TGV, le problème est plus pointu. Il est très difficile de dévoyer des rames de leurs roulements prévus, pour des raisons de maintenance et de sécurité. Il faudra donc souvent faire venir une rame de très loin pour porter le secours, et là encore, il faut du temps.
Vous comprenez que le retard n'est pas le fait d'un laxisme. Certaines situations de secours sont très difficiles à gérer, surtout en pleine campagne, mais on ne peut rien contre le temps qui s'écoule. S'il faut une heure pour acheminer un matériel de secours, il ne se passera rien sur le train en détresse pendant ce temps, et les voyageurs ont souvent l'impression d'être abandonnés à leur sort. Ce n'est pas le cas, bien sûr.
D'autant plus que sur les trains de voyageurs, le fait d'amener le secours sur un train n'est qu'une étape. Il y aura ensuite tout un travail que vous ne verrez pas, c'est celui des agents commerciaux, qui doivent réparer toutes les conséquences induites par le retard, lorsqu'ils le peuvent. ( correspondances, location de cars, de taxis, etc...)
Il est bien clair que quoi que fassent les cheminots, personne ne sortira heureux de cet épisode, et les clients ne se priveront pas de dire leur mécontentement. Ils ont raison, sans doute ! Pourtant, ces mêmes clients ne diront rien lorsqu'ils seront prisonniers d'un bouchon, sur la route ! Ou si l'autoroute est en travaux ! Ou si leur avion a du retard, ce qui est monnaie courante....
Et je n'ai jamais bien compris pourquoi !