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Un parcours accidenté ...




Je rêvais de conduire une locomotive à vapeur...

C'est Robert Fehlmann (Mulhouse 49/52) qui raconte :

Déroulement de carrière atypique d'un ancien apprenti MT, mais je n'étais pas tout seul à suivre cette voie.

Il était une fois un petit garçon qui rêvait de devenir conducteur de locomotives à vapeur ...

En octobre 1949, le petit garçon devenu un peu plus grand entre en apprentissage aux Ateliers principaux de Mulhouse.
Ce matin-là, devant les deux promos précédentes, nous, les bleus avec nos parents sommes officiellement admis en apprentissage. Moi je venais de Colmar et il n'était pas question de rentrer tous les soirs. Il a fallu chercher une pension. Nous pouvions déjà supputer de ce qui nous attendait pour la suite.

Le régime est quasi militaire. Pour nous déplacer dans la rue c'est le pas cadencé ...Et le garde à vous est remplacé par " qui veut… peut ".
On avait deux options, Matériel ou traction, j'ai naturellement opté pour la traction, eh oui, le petit garçon... Sur la valeur de l'enseignement, il n'y avait rien à dire, nous étions largement devant les apprentis des autres usines de Mulhouse au CAP.

Après les trois ans d'apprentissage en 1952, je suis admis au dépôt de Mulhouse-Nord. Adieu tiers-point, pied à coulisse et autres outils d'ajusteur, bonjour les gros chasse-goupilles, les gros marteaux, les masses, enfin... vous connaissez.
En 1955, c'est l'armée, 4 mois de classes et 2 ans d'Algérie. Je suis revenu, sans bobo en 1957.

Réadmission au dépôt de Mulhouse-Nord. Durant mon absence, la ligne 3 sud avait été électrifiée en monophasé 25000 V 50 Hrz et la vapeur avait du plomb dans l'aile, je ne serai jamais mécanicien de machine à vapeur. Chauffeur, oui, les dimanches et fêtes.
Début 1960, ma carrière au chemin de fer allait bifurquer. Je n'aime pas les machines électriques BB12000, BB13000 (fers à repasser) et autres BB 16500 donc rien ne me retient plus au dépôt. Aussi, lorsqu'on nous propose de devenir surveillant du service électrique je n'ai aucune hésitation et je m'inscris à l'examen.
Plusieurs de mes camarades font la même démarche. Ne sachant plus que faire de nous, les pontes du MT ont payé un stage pour nous préparer à passer l'examen de surveillant du service électrique.
La transition MT-VB s'est bien passée, de l'enfer au paradis, l'image est à peine exagérée.

Le métier de surveillant consiste à l'entretien des installations électriques de signalisation le long des voies : signaux, guérites et autres PN ainsi que des postes d'aiguillage. La deuxième partie de ma carrière commence là.
Je suis affecté dans un parcours à deux agents à Mulhouse-Nord, puis à Mulhouse-Ville dans un parcours à un agent. Je passe successivement les examens de Kad puis Kses et suis nommé K/Ses travaux dans l'équipe qui s'occupe de la mise en place du BAL de la ligne Strasbourg-Mulhouse.
La ligne étant quasiment rectiligne sur une centaine de Kms et électrifiée en monophasé 25 KV 50Hz, la SNCF décide d'y faire les essais pour le TGV Sud-Est. C'est ainsi que sont testés le contact pento caténaire et la transmission voie machine à 280 km/h pour un fonctionnement correct de la signalisation en cabine dite cab-signal.
Je termine mes dernières années à la DV 34 comme inspecteur, donc Cadre.

Petit Cadre, mais Cadre quand même avec un grand " C " car j'ai bossé pour en arriver là et la SNCF ne donne rien dans un sachet surprise.