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Je me demande aujourd'hui ce qu'est un journaliste ?
Est-ce le reporter, installé sous les bombes, qui essaie de se tenir au courant en cherchant les informations à ses risques et périls, ou est-ce le présentateur télé, assis dans son fauteuil, bien au chaud et bien entouré ?
Est-ce encore le rédacteur en chef d'un journal qui va censurer l'article d'un collaborateur qui ne va pas dans le bon sens, le monteur d'un reportage qui coupe les phrases et les vide de leur sens ?
Je m'y perds un peu ! Tout ce que je sais, c'est que tout ce que j'entends sur les cheminots, et les conducteurs en particulier, est la plupart du temps inexact. Lorsque je conduisais des TGV, j'ai pu lire le montant de mon salaire (multiplié par 3) dans certains journaux. D'où venait cette information ? Est-ce le journaliste qui a été manipulé par des gens bien intentionnés, ou ce chiffre correspondait-il à ce qu'il imaginait ?
La situation est la même lorsqu'il s'agit de parler des temps de travail. Ce qu'on peut entendre est aberrant, faux, et le plus souvent totalement inventé. D'ailleurs, les lecteurs s'y perdent un peu, tellement ces chiffres sont fantaisistes, et différents à chaque fois.
Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tous ces journaleux de mes deux ne prennent pas les textes, qu'ils peuvent facilement obtenir, au lieu d'interroger Pierre et Paul. Pourquoi ne mettent-ils pas le nez dans un roulement de conducteur, et pourquoi ne se rendent-ils pas compte par eux-mêmes ? Le réglement du travail est un document émanant du ministère des transports, et il ne donne pas lieu à de telles fantaisies.
Alors, la conclusion s'impose ! On ne le fait pas parce que la vérité n'intéresse pas ! On fait de la presse à sensation, en tapant là où ça va faire mal ! Et on ne s'occupe pas des conséquences. Messieurs les journalistes, vous n'informez pas , vous manipulez les opinions ! Ce n'est pas un très beau métier que vous faites !
Je peux vous donner un exemple. Un jour, le rédacteur en chef d'un grand journal fait paraître un entrefilet attaquant violemment les conducteurs de TGV. Sans raison apparente ! Nous avons rencontré ce monsieur, qui avait simplement vidé sa bile après un petit incident subi dans un train. Nous lui avons proposé le choix suivant : soit il publiait une lettre au vitriol libellée par nos soins, soit il accompagnait un conducteur sur une tournée complète (une seule !) et il refaisait un article sans tricher. Il a choisi cette seconde solution, et nous nous sommes quittés bons amis. Pour la petite histoire, ce monsieur est rentré lessivé, un peu embarrassé par ses propos antérieurs. La réalité ne correspondait pas, et de loin, à ce qu'il imaginait. Il s'est amendé honnêtement.
Messieurs les journalistes, venez voir les conducteurs. Pas des cadres ou des intellectuels ! Des conducteurs ! Suivez les ! Ensuite, seulement, vous parlerez.