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L'Ecole de Formation Générale SNCF de LOUVRES


Charles Perrot (Caen+SES La Folie 43/46) nous présente cette école.
Il existe un site tenu par un ancien de cette école, ici

    Ecole de formation générale SNCF (EFG) de LOUVRES. (fermeture en 1998)

    Cette école fut fondée en 1928. C'était la section spéciale des chemins de fer de l'école des travaux publics jusqu'en 1939.
Cette école formait des agents VB de la voie et MT (chefs de district et chefs de dépôt MT).
Interruption pendant la guerre.
Après la guerre, la SNCF avait repris les anciens cheminots, prisonniers de guerre, résistants et déportés. Nous étions plus de 500.000.
Tout était à reconstruire : dépôts, voies, ponts, gares, triages, etc…

    En 1946, l'école est transférée à St Prix (val d'Oise).

    En 1948, Louvres. J'étais de la 8ème promotion 1953-54. Concours d'entrée après 5 ans de commissionnement, échelle 5 mini, pas d'attachés. Dans ma région (Ouest), nous étions environ 200 à 300 candidats. 2 places par service : 2 VB, 2 MT, 2 Ex, plus 2 des services centraux, soit 6 par région et 36 pour la SNCF.
En pension pendant 10 mois, cours de 8h à 18h, avec des profs agrégés des grands lycées parisiens. Maths : Mr Quinson ; Mécanique : Mr de St Amand ; Physique : Mr Auvert ; Histoire-Géo : Mr Girardot ; Français : Mr Gérard, etc…

    Après la guerre, nous étions tellement nombreux à la SNCF que pendant près de 10 ans, il n'y a eu aucun examen ni promotion VB possible pour district, SES ou dessinateur.

    J'étais donc apprenti VB 43/46, 1ère année à Caen, puis 2ème et 3ème année SES à La Folie.
Notre dortoir était situé à l'entrée des ateliers MT de La Garenne. La nouvelle école VB-SES ne sera construite qu'en 1949, où je suis resté 3 ans instructeur après mon service militaire.
A Caen pendant la guerre, l'école n'était plus dans le dépôt, souvent bombardé et mitraillé. Nous étions déplacés dans le centre ville, rue des Carmélites près de l'église St Jean, de la Kommandantur et du champ de course où nous courrions à la moindre alerte faire du bateau sur l'Orne.

    Entrée à Louvres à 27 ans en septembre, à 27 km de Paris, région Nord, pour un internat d'une année scolaire.
La SNCF avait créé dans une vaste propriété ce qu'on pourrait appeler sa cité universitaire.

Chateau de Louvres    Cette propriété comprenait à l'origine une importante demeure comprenant des dépendances. Elle était située au milieu d'un parc de 9 hectares et destinée à l'hébergement de jeunes enfants (cas sociaux). A cet effet, cet ensemble fut complété à l'une des extrémités par un bâtiment supplémentaire où furent installés dortoirs, réfectoires et salles de cours.

    Après m'être présenté au secrétariat pour les formalités administratives, l'entrevue avec le directeur fut plutôt surprenante.
Monsieur Quinson me mit à l'aise très rapidement. Sa gentillesse, son franc-parler et la vivacité de ses paroles me surprirent agréablement. Il fit une démonstration infaillible, ayant bien en tête toutes les caractéristiques de ma carrière. De même pour chaque stagiaire.
Ici, nous dit-il, vous êtes libres et pouvez sortir, mais n'oubliez pas que vous êtes ici en vue d'améliorer votre position dans la hiérarchie. Il vous faudra beaucoup de volonté et de courage.

    L'après-midi, nous fûmes réunis dans une salle de classe ; 36 stagiaires issus de tous les centres SNCF de France appartenant à tous les services. Un panel petite maîtrise de tout âge (24 à 31 ans).
On faisait connaissance lorsque Monsieur Quinson apparut souriant, accompagné de son adjoint Monsieur Voslvisant. Tous deux physiquement opposés ; notre directeur plutôt petit rondelet au teint mat, son adjoint de grande taille d'allure rassurante. " Je vous souhaite la bienvenue et vous présente mon adjoint qui sera d'un bon soutien ".

    Nature de l'enseignement - Corps enseignant.

    L'enseignement comportait des cours " niveau baccalauréat " dans les disciplines suivantes : français, mathématiques, physique, chimie, mécanique et géographie économique. En outre, des conférences de droit, d'économie sociale, d'organisation scientifique du travail, de psychologie appliquée, etc… élargissaient notre horizon. Education physique plusieurs fois par semaine.

    De nombreuses visites illustraient les différents enseignements : installations ferroviaires et industrielles, musées… C'est ainsi que nous visitâmes les mines de charbon de Merlebach en Lorraine, avec casques et lampes acétylène, mines de potasse de Mulhouse (importance dans les engrais et usages industriels, verre et chimie), les barrages sur le Rhône, le port de Marseille en bateau, le Queen Elisabeth à Cherbourg, le journal Le Monde, la cathédrale de Chartres.
A ces visites extérieures venaient s'ajouter des discussions sur des sujets de culture générale, des projections de films, des sorties théatrales. Mr Gérard, professeur de français, nous amena voir La belle Hélène , le Bougeois gentillomme…

    L'enseignement était assuré soit par des universitaires pour les disciplines de base, agrégés pour la plupart, soit par des cadres spécialisés de la SNCF, des ingénieurs hors statut très compétents. Girardot (OST), St Amand, ingénieur (X et ponts) résistance des matériaux, ponts.
Je ne savais pas à cette époque que je rentrerais à la D.G au département des ouvrages d'art. Notre directeur nous précisait en détail l'organisation de notre grande maison, son adjoint ancien chef de dépôt à Cherbourg nous présentait un côté très passionnant par le fait de nous faire redevenir cheminots quelques instants.

    En mathématiques, où le programme très chargé se déroulait à un rythme très accéléré, à chaque cours correspondaient des exercices en temps limité. Notations et corrections suivaient rapidement. La veille des examens, toute la promotion pouvait se retrouver au complet à minuit, les couches-tôt et les lèves-tôt.

    Nous allions de découverte en découverte, intégrales, les imaginaires, la résistance des matériaux, la trigo, la géographie avec Girardot, Gérard sur les auteurs du 16ème au 20ème siècle.

    Un jour, nous eûmes l'agréable surprise de voir arriver Monsieur Armand, directeur général de la SNCF. Très simplement, celui-ci nous souhaite la bienvenue, serrant la main à chacun, mettant l'accent sur la renommée de l'école qui ouvrirait de belles carrières à ceux qui le désireraient.
Nous buvions ses paroles. Le grand patron, illustre polytechnicien, à l'origine du TIA et du 25000v, nous exposant en direct son point de vue et ses espoirs sur notre modeste école, notre chance d'être entrés à Louvres. Le niveau général s'était amélioré à la grande satisfaction de Quinson.

    Les élèves qui obtenaient une moyenne supérieure ou égale à celle fixée chaque année par la direction du personnel obtenaient un certificat leur conférant le titre d'attaché groupe V, les autres acquéraient le titre d'attaché groupe VI, à la condition toutefois que la moyenne ne soit pas inférieure à 10.

    Au cours du 1er trimestre, le directeur nous conseillait de choisir un président de promotion ; ce fut Naudin qui fut désigné. Un des plus anciens. Il avait participé à des mouvements de résistance pendant l'occupation, que nous avions tous connue. Il devint par la suite président de Résistance Fer au niveau national. Sous son impulsion, nous organiserons chaque année une rencontre. Au début, la sortie se limitait à un seul repas, puis sur 2 ou 4 jours. Mais d'année en année, le nombre des participants diminuait, la maladie, le vieillissement ou les complications familiales entrainèrent un vide durement ressenti. Actuellement, nous ne sommes plus que 6 fidèles, aussi faisons nous appel aux amis, aux familles, pour atteindre le nombre nécessaire à une organisation rentable.

Janvier 2010 - Charles Perrot.