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Le cheminement d'un ex-cheminot...


Luc Rousseaux, ancien de l'école SES de Pantin 63/66, nous raconte son histoire...



Permettez-moi de me présenter : Luc Rousseaux, âgé de 60 ans et né a Rethel-08, marié, cinq enfants.
Ma profession est électronicien d'aviation civile depuis de nombreuses années et je travaille actuellement à Ndjamena (Tchad).

Mon enfance s'est passée dans le paisible village de Biermes, dans le Sud des Ardennes. Ensuite, j'ai fait le premier cycle du secondaire comme interne, au Lycée Robert de Sorbon de Rethel. Après quoi, j'ai été admis dans une école SNCF d'électricité située à Pantin en région parisienne.


Parcours professionnel

En 1966, à l'issue des trois années de cette école, j'ai débuté dans le monde du travail sur des chantiers semi-mobiles d'installations d'équipements électriques de signalisation de chemin de fer dans la Marne et dans la Meuse.
Puis est venu le temps du service militaire (de seize mois a l'époque) qui s'est effectué dans la Marine Nationale a bord d'un petit escorteur, après une formation de radariste de trois mois. J'ai ainsi pu naviguer dans le Golfe du Lion et le long des côtes africaines de l'Océan Atlantique.
A l'issue du service dans la " Royale ", j'ai été affecté à Verdun dans la Meuse ou j'assurais diverses tâches d'entretien et de dépannage des équipements de signalisation et de téléphonie sur les lignes de chemin de fer de la région.

Changement de cap

N'étant pas vraiment satisfait de cette occupation, j'ai estimé que je devais me réorienter, et c'est ainsi que je me suis replongé dans les livres, en vue de préparer le concours d'entrée au cycle d'électronicien de l'AFPA. Après un an de préparation, j'ai pu commencer la très dense formation AFPA, puis obtenir en 1971 le diplôme d'électronicien, qui allait me permettre de connaître d'autres horizons. Que l'AFPA en soit ici vivement remerciée !
Engagé dès la sortie des cours, par une Agence internationale d'aviation civile basée à Paris, mais opérant sur l'Afrique francophone, ma première affectation à l'étranger a été l'Aéroport de Dakar-Yoff au Sénégal. Six mois plus tard, il m'a été proposé un poste auprès de la société pétrolière italienne Agip prospectant en Mauritanie.
Basé à Nouakchott, j'étais chargé d'installer et d'entretenir les divers équipements fixes et mobiles de télécoms et de radionavigation de l'Agip. Après cette campagne d'un an et demi, je suis allé remplacer pendant quatre mois, un technicien de l'Aéroport de Nouadhibou (Mauritanie).

Aussitôt cette période mauritanienne, l'Agence m'a proposé un poste d'électronicien a l'Aéroport de Lubumbashi (RD Congo ex-Zaïre) où je suis arrivé début 1974.
J'ai travaillé successivement pendant 12 ans et demi, dans trois grands aéroports du pays (Lubumbashi, Kananga et Kisangani) jusqu'à l'été 1986.

Puis le temps est venu de repartir dans un nouveau pays, le Tchad en l'occurrence, ou l'on m'a confié la responsabilité de la maintenance des équipements télécoms et de radionavigation de l'Aéroport de Ndjamena, ainsi que quelques stations de télécoms par satellite pour l'aviation dans l'intérieur du pays.
Vingt ans se sont écoulés depuis mon arrivée dans ce pays et je pense terminer mon parcours professionnel au Tchad.

Les activités nombreuses, variées et les responsabilités que j'ai pu exercer dans ces aéroports africains, m'ont donné beaucoup de satisfactions, d'autant plus qu'on me laissait généralement une bonne marge d'initiative, ce qui n'etait pas le cas a la SNCF où tout était très cadré.
Néanmoins, je ne regrette pas cette période de ma vie passée dans les chemins de fer, qui a été ma première expérience professionnelle, avec des collègues qualifiés dont certains sont restés des amis.

Découvertes des pays et des habitants.

Au cours de ces divers séjours africains, j'ai pu admirer toutes sortes de paysages allant du désert saharien (lui-même très varié ; dunes, reg et montagnes pelées) a la foret équatoriale dense du Congo, en passant par la savane, le Sahel et diverses zones intermédiaires.
Le relief est très varié également : plat pays du vaste bassin du lac Tchad, lacs et volcans de l'Est du Congo, montagnes du Nord du Tchad, pour ne citer que quelques-uns parmi les plus remarquables.

250 langues dans un même pays!
La rencontre des populations est tout aussi intéressante, car l'Afrique est une mosaïque de tribus, d'ethnies ayant chacune leur langue propre, leurs coutumes innombrables. Ainsi la RD Congo ne compte pas moins de 250 tribus. On constate également que les ruraux sont souvent beaucoup plus accueillants que les citadins, plus occidentalisés.
Le mode de vie varie énormément d'un pays à un autre, d'une ville à une autre, de la ville au village. Il est évident que le douillet confort européen semble parfois un peu lointain, mais il faut s'adapter ! Dans le cas contraire, il vaut mieux rentrer définitivement en France. Pour moi qui vit en Afrique depuis plus de 35 ans, il me paraît essentiel de garder le contact avec ses racines (famille et amis), ainsi que par les séjours de congés en France.
L'avènement de l'Internet (même s'il est généralement seulement en bas débit en Afrique noire) est une très bonne chose pour le maintien du contact avec la France, car le courrier reste lent et le téléphone coûteux.

Évènements du 13 avril 2006 a Ndjamena

Ce matin-la, les Ndjamenois ont été réveilles en sursaut par des bruits sourds de tirs a l'arme lourde. Cela a duré près de trois heures, puis l'intensité des tirs a baissé progressivement et le silence est revenu vers 10 heures. Bien sur, nous n'étions pas très rassurés et nous n'avons pas bougé de la maison toute la matinée.

Évènements récents
Depuis quelques temps le Tchad connaît à nouveau des troubles et même des massacres. Mais Ndjamena la capitale est tout à fait calme, car tout cela se passe assez loin à l'Est du pays, dans les régions frontalières du Soudan et de la Centrafrique.
On assiste à une sorte de "darfourisation" des régions voisines du Darfour à l'Est du Tchad et au Nord de la RCA.
Aux agissements des groupes rebelles armés opérant dans ces régions, s'est greffée une résurgence de l'éternel conflit des éleveurs arabes et des cultivateurs non arabes. A cela s'ajoute une circulation importante d'armes diverses dans la sous-région, et tout accrochage se traduit très souvent par des dizaines de morts et blessés.
Compte tenu de la porosité des frontières et des vastes superficies concernées, le retour au calme risque de prendre du temps, néanmoins il est très improbable que les troubles puissent déborder jusqu'a Ndjamena.

Perspectives
Indépendamment des évènements précités, je compte bien revenir en France pour la retraite, après toutes ces années en Afrique. Mais je ne sais pas encore si ce sera en Champagne-Ardenne ou dans la région toulousaine ou vit une partie de ma famille.

Luc Rousseaux