Imprimer cette fenêtreretour page précédente Les tégévistes ???
Les tégévistes sont simplement des conducteurs de TGV ! Simple au premier abord, cette dénomination peut paraître normale, mais elle cache en fait une petite histoire, pas très jolie...
Site pour les pros ! Nous apprendrons bien plus tard que la même histoire s'était déroulée presque 10 ans avant, pour d'autres conducteurs du Sud Est, lors de la mise en service du TGV Paris Lyon.

Avant la mise en service du TGVA, tous les dépots concernés par la conduite étaient en effervescence, car les TGV devaient remplacer un grand nombre de trains rapides classiques. La conduite de ces TGV nécessitant un stage lourd, une école de conduite et un contrôle de connaissance, la vie des conducteurs concernés s'en est trouvée très perturbée ! Tout ceci se déroulait dans l'établissement de Chatillon, qui assurait la gestion et la maintenance des rames neuves qui arrivaient.Chatillon

Le choix de ces conducteurs s'est fait tout naturellement parmi les plus anciens, et parmi ceux qui étaient déjà dans les "grands" roulements. Seuls ont été écartés ceux qui ne désiraient pas cette évolution et ceux qui étaient trop près de leur fin de carrière. Il n'y a pas eu de marchés honteux ou de marchandages débiles comme voulaient le faire croire certains individus, à l'époque. Il n'y a pas eu d'autre sélection que celle qui se produisait déjà auparavant.

Le café de l'avenir, à Valenton, bien avant les TGV. Pour les anciens, dans une autre époque... Pour cette naissance, beaucoup de gens ont beaucoup donné, et ont montré beaucoup, beaucoup de bonne volonté. Les cadres qui nous ont formés et les conducteurs des premiers instants n'ont pas réchigné à la tâche, et n'ont pas regardé leurs heures. Des problèmes étaient prévisibles, car tout était nouveau ! Les rames n'étaient pas encore totalement opérationnelles et les techniques et les réglementations étaient très différentes.

Nous l'avons tous fait de bon coeur, et sans regrets. A la mise en service, la tension était forte, mais les conducteurs ont pleinement assumé leur charge, malgré beaucoup de craintes de l'encadrement. Les problèmes ont été très nombreux, et pendant plusieurs mois, cela n'a pas toujours été simple. Entre l'informatique défaillante, les compresseurs qui nous lachaient et les ficelles qui cassaient, les galères ont été multiples...Nous étions en première ligne et les sourires étaient un peu figés... Mais aucun n'a baissé les bras.
Petit à petit, les rames sont devenues parfaitement fiables, et les problèmes se sont espacés. Beaucoup de gens ont commencé a souffler. Nos cadres formateurs se sont vus proposer des postes plus ou moins intéressants, ailleurs, et les choses ont repris leur place.

Parés pour l'assaut à Paris Montparnasse Mais dans les cabines de conduite, la grogne s'était un peu installée. Les milliers et les milliers de kilomètres engendrés par la vitesse supérieure, l'école de conduite, le contrôle de connaissance, les études de ligne, les problèmes multiples et les gros efforts fournis n'ont donné lieu à aucune compensation, sinon à des primes ridicules... La petite différence de salaire ne provenait que de la quantité impressionnante de kilomètres et de la longueur des tournées.

Nous avons cherché à obtenir de la SNCF une compensation logique. Nous nous sommes vite heurtés à un mur, construit non pas par nos dirigeants, mais par nos propres collègues plus jeunes, par ceux là même que nous voulions protéger !!! Certains syndicats ont eu une attitude très bizarre, pas très claire, et beaucoup ont succombé aux manipulations.

Pendant cette période troublée, les conducteurs de TGV ont été plus seuls que jamais. Lachés par la SNCF, lachés par les autres conducteurs et par les syndicats, ils ont du en plus subir la vengeance de certains petits cadres pleins de rancoeur. Je n'affabule pas ! Dans le N° 2747 de LVDR (17 mai 2000), Michel Massinon dit lui-même que lors de son retour en roulement :"Je me suis ennuyé, certains m'ont un peu fait galérer...." !!!
Si on nous a fait payer notre position de tégévistes, pour lui, on lui a aussi fait payer le record...

Dans ce site, il m'arrive d'être méprisant envers une certaine catégorie de cadres. Désolé ! Ce mépris, c'est celui que j'ai reçu ! Que nous avons tous reçu...
Et il faut bien rendre à César...