Imprimer cette fenêtre Les grèves à la SNCF...
Sujet tabou, difficile et délicat ! Expliquer la situation n'est pas possible en quelques lignes, mais peut-être que quelques pistes pourraient contribuer à une meilleure compréhension.

Tout d'abord, les temps de grèves ne sont pas payés, contrairement à une croyance répandue. Les salaires ne sont pas mirobolants et les agents qui utilisent cette extrémité ne le font jamais de gaieté de coeur, comme on voudrait bien vous le faire croire.

Le dialogue existe à la SNCF, à condition souvent qu'il soit descendant, malgré ce que croient un bon nombre de dirigeants de l'entreprise. Tu peux donner ton avis, mais à condition qu'il n'aille pas à l'encontre de celui du cadre au-dessus! Comme c'est lui qui le transmettra, il en fera ce qu'il voudra !

Or, les cadres de l'entreprise ne sont plus issus, comme jadis, des rangs de la base. Ils ignorent tout des difficultés des agents du terrain, et quand ils écoutent, ils ne comprennent pas, ne saisissent pas le problème. Je ne mets même (presque) pas leur bonne foi en cause ! Mais comme ils se trompent de problèmes, ils se trompent de solutions... Et il y a les idées saugrenues de certains gestionnaires, pour les mêmes raisons, qui sont de véritables bombes à retardement...
Ces situations aboutissent à des blocages fréquents, à une incompréhension totale, et à des dialogues de sourds. Les agents ne trouvent aucun autre moyen de se faire entendre que de cesser le travail...

Cesser le travail gêne énormément les usagers. Tout le monde en est conscient. Mais l'organisation de la sécurité à la SNCF est tellement complexe, qu'il n'est pas possible de faire des trains en étant grèviste. Les agents y ont songé, bien sûr, mais c'est du suicide !
Dans certains mouvements sociaux, beaucoup d'agents ne sont pas grèvistes. On assiste alors à des scènes curieuses. Un train est au départ d'une gare, avec le conducteur, le contrôleur, les voyageurs, le chef de gare... et ce train ne part pas parce qu'il est supprimé par des instances supérieures... On vous signalera clairement que ce train a été supprimé pour fait de grève! Grève de qui ?

On entend souvent dire que les usagers sont pris en otages par les cheminots. Vous êtes sûrs ? Ne serait-ce pas plutôt les dirigeants qui se servent des usagers pour faire pression sur les cheminots ? Pourquoi ces dirigeants attendent-ils toujours pour ouvrir une négociation, alors qu'ils pourraient le faire pendant le préavis (5 jours), avant la grève ?

Dans ces temps incertains, le statut des cheminots énerve ! Mais pendant ce temps là, on ne parle pas de celui d'un certain nombre de corporations, politicards entre-autres, qui s'engraissent à vos frais.
Mais ce n'est pas en démolissant ces statuts que vous améliorerez le vôtre ! Pensez-y.


Le campanile de la gare de Limoges, mai 68...