Comment devient-on un conducteur de train ?
La SNCF recherche périodiquement des conducteurs de route, et on peut donc présenter sa candidature. C'est l'étape la plus facile. La conduite est surtout un monde d'hommes, mais quelques femmes ont tenté l'aventure.
Il faudra satisfaire aux entretiens, à une visite médicale sérieuse, et à la psycho.
La psycho, c'est un examen particulier qui dure une journée. Le soir, vous ne savez plus votre nom...!
Ensuite un stage. Trés costaud, et surtout d'une complexité qui déroute les candidats. La réglementation du chemin de fer est rédigée par des juristes, et se présente sous forme d'articles, de renvois, d'annexes, etc... Il n'est pas rare de trouver un renvoi qui dit le contraire de l'article. Le postulant travaille seul, et franchit des étapes périodiques. Si l'étape est ratée, au revoir !
Au bout de ce stage, une casserole ! C'est un examen qui n'a rien à voir avec un examen de collège. Tu es seul, face aux loups. Le rôle des loups, c'est de trouver la faille qui te fera perdre pied. Il faut être irréprochable dans sa tête et dans ses connaissances pour franchir cette étape, car tous les coups sont permis. Deux délégués du personnel, au fond de la salle, surveillent le bon déroulement.
Il y a bien sûr des connaissances techniques à acquérir. Beaucoup. Ce qui fait que les candidats possédant déjà une base technique ont plus de chances que l'intellectuel pur et dur. De toutes façons, le chemin de fer est un monde dans lequel vos connaissances "civiles" n'ont que peu d'intérêt.
Une fois la casserole franchie, vous avez juste gagné le droit de monter sur la galère ! Pas celui de ramer ! Vous serez autorisé à la conduite.
Votre carrière de conducteur commence là. Il vous faudra ensuite monter dans les tableaux pour devenir élève puis conducteur. Vous serez jugé en permanence, sur vos actes. Il n'y a pas de frimeurs dans ce boulot, on assume tout, et seul. Votre carrière ne dépend que de vous... et de vos cadres ! (voir tégéviste)
Il n'y a pas de porte de sortie à la route. Les situations d'échecs sont toujours dramatiques.
Vous pourrez, tout de même, si le coeur vous en dit, passer l'examen de chef-traction, qui propose l'encadrement des conducteurs. Contrairement à leur titre, ces cadres ne conduisent pas de trains. Pour beaucoup de gens de ma génération, cette possibilité était plus considérée comme une infirmerie, ou une démission personnelle, plutôt qu'une promotion.
Contrairement à la légende, comme conducteur, vous n'aurez pas la retraite à 50 ans ! C'est toujours 55 ans. Mais si vous justifiez d'un grade de conduite ou d'un certain nombre d'années sur les machines, vous aurez la possibilité de démissionner à 50 ans, et de faire valoir vos droits.
Croyez-moi ! A 50 ans et si vous le pouvez, vous partirez la mort dans l'âme!... Mais vous partirez...
Un collègue parisien retraité a fait le calcul de ses parcours sur les différentes séries de machines sur lesquelles il a roulé pendant sa carrière.
En voici le résultat :